DaVinci Resolve accélère et optimise ses performances dans sa version 17.4, en s’appuyant sur la sortie des stations portables aux puces M1 Pro et M1 Max chez Apple. Loïc Gagnant, chef monteur et étalonneur, Master Trainer BlackMagic Design et formateur pour notre organisme, partage avec nous son point de vue sur l’augmentation de puissance annoncée, ainsi que les autres nouvelles fonctionnalités du logiciel qui ont retenu son attention.
BlackMagic Design annonce des performances de DaVinci de trois à cinq fois plus rapides entre la version 17.3 et 17.4. Quelles possibilités nouvelles cela offre-t-il à l’utilisateur ?
Loïc Gagnant : Il y a quelques années, on pouvait entendre que pour profiter de la puissance du logiciel, par exemple sur du montage multi-caméras, il fallait une machine spécialement configurée. Aujourd’hui, c’est différent. Les performances sont optimisées pour donner des résultats fluides et même optimaux sur les nouvelles stations de travail portables qui font leur arrivée sur le marché, notamment les dernières stations Apple MacBook Pro.
BlackMagic met l’accent sur la puissance de la mise à jour 17.4, notamment pour le décodage des fichiers BlackMagic Raw 12K, trois fois plus rapide, l’accélération matérielle de l’Apple ProRes sur les MacBook Pro équipés de puces M1 Pro et M1 Max, et l’encodage H265 1,5 fois plus rapide. Cela signifie donc que cela accélère globalement la lecture des fichiers complexes, que cela accélère l’encodage, et la prise en charge des formats Raw ou des formats compressés comme le H265. Sans oublier l’accélération de tous les outils d’intelligence artificielle, dont la reconnaissance faciale, qui crée des chutiers automatiques avec un classement par personnages.
Visuel copyright Black Magic Design
Au-delà des performances, quelles sont les nouveautés de la version 17.4 qui ont retenu ton attention ?
Loïc Gagnant : L’une des nouveautés importantes est l’arrivée des presets directs pour exporter vers DropBox ou DropBox Replay. Le principe, c’est de permettre l’export des films post-produits via DaVinci Resolve sur la plate-forme DropBox pour que les personnes auxquelles on accordera les droits d’accès puissent y ajouter des commentaires. Ces derniers seront automatiquement intégrés et mis à jour dans le logiciel DaVinci Resolve sous formes de marqueurs intégrés à la timeline.
DropBox Replay est une solution très proche de la célèbre solution Frame.IO récemment acquise par Adobe… (et également utilisable par les utilisateurs de la version studio de DaVinci). Ces deux fonctions, l’export vers DropBox Replay, et l’intégrateur des commentaires sont des nouveautés de la version 17.4.
Visuel copyright Black Magic Design
Quelles nouveautés concernent spécifiquement la Page Montage ?
Loïc Gagnant : Dans la page Montage, on peut mentionner la gestion des sous-titres qui a récemment été améliorée. Il est notamment possible d’attribuer un style de texte à l’ensemble des sous-titres, ou modifier spécifiquement un style sur un seul sous-titre, cela grâce à une ligne dans la timeline dédiée aux sous-titres.
Il y a également l’amélioration du lissage des images clés d’animation dans la Timeline, permettant de jouer sur la position, l’échelle… lors d’une animation de texte ou autre. BlackMagic développe ici DaVinci Resolve comme Adobe l’a fait avec sa suite en déclinant des outils des logiciels spécialisés comme After Effects et Audition au sein de Premiere Pro. On note que BlackMagic décline des outils de la page Fusion et étalonnage dans les pages de montage (Page Montage et Page Cut).
Cette logique d’intégration des outils évolués au sein de la Page Montage offre-t-elle d’autres nouvelles possibilités ?
Loïc Gagnant : Oui. Des outils d’incrustation améliorés arrivent directement dans la Page Montage. Par exemple, l’incrustation sur fond vert. Pour avoir accès à cet outil, il fallait initialement passer par la Page Etalonnage ou par Fusion qui le permettait également. Maintenant, on peut donc incruster directement dans la page Montage, sans être un expert en étalonnage. Le réducteur de bruit (version Studio) est également intégré dans la page Montage, alors qu’il était initialement réservé à la Page Etalonnage.
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D’autres nouvelles fonctionnalités ont-elles suscité ton intérêt dans la Page Montage ?
Loïc Gagnant : On peut aussi citer des petites fonctionnalités utiles comme la possibilité de créer des transitions asymétriques, en tirant d’un côté ou de l’autre uniquement, le désentrelacement qui peut être fait clip par clip depuis l’inspecteur, la possibilité de copier les effets de vitesse sur les clips audio…
Et depuis la version 17, un vrai point positif : la prévisualisation des effets. Passer la souris au-dessus de l’icône de l’effet permet de prévisualiser le résultat.
Qu’en est-il de la Page Etalonnage ?
Loïc Gagnant : La version 17.4 prend en charge l’espace colorimétrique Aces 1.3, mais DaVinci propose aussi son propre système de Color management, largement amélioré et simplifié. Le principe est de renseigner l’information sur l’espace colorimétrique de la caméra utilisée, et DaVinci transfert alors le projet dans un espace colorimétrique très large. Le but est toujours le même que l’Aces : à partir de rushes de caméras très différentes, simplifier le workflow en obtenant les mêmes réponses des outils d’étalonnage dans la timeline. Le mode d’espace colorimétrique de travail large est vraiment pratique à utiliser.
Dans quelle direction évolue la page Fusion ?
Loïc Gagnant : Fusion avait surtout la réputation d’être un outil de VFX. Or les dernières améliorations sont plutôt une réponse aux demandes de Motion Design. Notamment l’outil Texte que Fusion a amélioré en termes d’animation, des styles de texte, groupement, espacement… et qui supporte désormais des polices OpenType.
On remarque la même tendance d’ouverture au Motion Design à propos des Nodes S., ceci depuis la version 17. Il s’agit de l’univers des formes vectorielles. Les outils d’éléments de formes n’étaient pas forcément présents ou simples à manipuler dans Fusion. C’est pour cela que les récentes mises à jour ont ajouté les nodes de forme, avec une nouvelle catégorie d’outils comme il y avait déjà des outils pour travailler en 3D et dans les particules.
Fusion demande un temps d’adaptation pour commencer à appréhender le côté nodal, qui est souvent étranger à tout le monde, mais qui une fois en main, plait.
Y-a-t-il également des nouveautés qui ont retenu ton attention sur la Page Fairlight ?
Loïc Gagnant : Sur la partie dédiée au son, après les plugs-in audio Steinberg VST et VST2, la version 17.4 intègre les plugs-in VST3. Cela permet donc à Fairlight d’intégrer toute une nouvelle gamme d’effets, offrant de nombreuses possibilités.
Par ailleurs, dans la table de mix, il y avait initialement un sens que l’on ne pouvait pas modifier, d’abord l’Equaliseur, la compression… Désormais, il est possible de réorganiser l’ordre des effets, d’en supprimer certains que l’on utilise pas. Cela offre une interface plus souple et personnalisable.
Toutes ces nouveautés seront développées lors de la formation Post-production complète sur DaVinci Resolve aux lapins bleus, pour laquelle tu as récemment enrichi le support de cours ?
Loïc Gagnant : Ce support de cours est une base solide qui reprend toutes les étapes, toutes les différentes Pages de DaVinci. Il est conçu en appui de la formation dispensée au centre, dont nous sommes en capacité d’adapter le programme selon le profil du groupe de stagiaires. L’intérêt du support est qu’il peut aussi être considéré comme un guide utilisateur plutôt que comme un manuel, qui comprend certaines informations très techniques dans lesquelles on peut parfois se perdre.
On connaît la réputation de DaVinci comme outil d’étalonnage. Quelle est la place du logiciel dans son ensemble, actuellement sur le marché ?
Loïc Gagnant : DaVinci est une vraie référence en termes d’étalonnage. Il se partage le marché du très haut de gamme avec Baselight. Pour ses fonctionnalités de montage haut de gamme, et sa suite complète d’outils, tout le monde connaît leur efficacité désormais. Certaines sociétés de production commencent à choisir de travailler avec. Mais ce que l’on observe, c’est que le développement de DaVinci suscite une attente et un intérêt réels. Tout le monde sait désormais que l’efficacité globale est au rendez-vous. On peut faire une vraie production dessus, y compris grâce à ses possibilités de travail collaboratif.