Dialogue avec Jacqui Loran et Daphné Polski de FilmLight, avec qui nous sommes partenaires sur les formations Baselight que nous proposons. Nous abordons la position de Baselight sur le marché international et le marché français, la philosophie de proximité avec les utilisateurs et le ‘FilmLight Colour Awards’ qui connait sa troisième édition en 2023.
Comment est structuré aujourd’hui FilmLight à l’international, en termes de bureaux, et de clients ?
Daphné Polski : Nos quartiers généraux sont basés à Londres. Cela reflète le marché important que représente l’Angleterre pour nous. La plus grande majorité des agences de production et post-production anglaises utilisent Baselight. On a également beaucoup de clients sur le marché américain, en Inde, en Europe, Amérique du sud, en Chine, en Corée, etc..
Mais FilmLight c’est surtout une compagnie qui est présente globalement et qui pense localement afin d’être au plus près de ses utilisateurs, une approche que l’on retrouve également dans une compagnie telle que Netflix, car chaque marché a des besoins différents. Du coup, nous avons des bureaux également à Los Angeles, Mumbai, Paris, Mexico City, Munich, Seoul, Beijing et Tokyo. Nous avons une démarche de proximité.
Peut-on citer quelques productions récentes populaires étalonnées sur Baselight ?
Daphné Polski : Dans les références qui parlent à tout le monde, il y a aux Etats-Unis le dernier film de Martin Scorcese « Killers of the Flower Moon » étalonné par le français Yvan Lucas. « Barbie », également, de Greta Gerwig. Le dernier Wes Anderson, en Angleterre. En Corée, les derniers films du realisateur Bong Joon Ho. La série « Black Mirror », le dernier Iñárritu, « Bardo », également avec un étalonneur français ou encore la série TV « The Crown ». Sans oublier tous les films de Quentin Tarantino ou bien ceux des frères Coen qui sont étalonnés sur Baselight. Mais aussi la plupart des publicités haut de gamme.
Jacqui, vous êtes l’une des quatre personnes dirigeantes de FilmLight. Vous êtes principalement basée en France depuis cette année. En quoi consistent vos missions lorsque vous êtes à Paris ?
Jacqui Loran : A l’origine de FilmLight il y a 20 ans, je formais les utilisateurs et j’étais à la tête du support technique que j’ai fondé. Ainsi les utilisateurs me connaissent bien, et je suis restée très proche de l’équipe technique.
Aujourd’hui, tout en gérant la compagnie et en voyageant beaucoup, le fait d’être à Paris me permet d’être d’avantage au contact des étalonneurs français, avec qui j’ai toujours aimé travailler, car j’ai toujours cru au talent des français dans ce domaine ‘niche’ qu’est l’étalonnage. D’ailleurs, cela se vérifie : aujourd’hui, beaucoup de très bons étalonneurs sur le marché international sont français. Ainsi, dès que j’ai des retours de leur part, des bugs ou des commentaires en termes de développement logiciel, je fais remonter au support et aux équipes R&D tout de suite. Quand on identifie un souci technique, cela devient une priorité. On ne peut pas empêcher les gens de travailler, on doit résoudre les problèmes immédiatement. Parfois même en amont. C’est vraiment notre philosophie chez FilmLight.
La réactivité du support technique fait partie de votre philosophie de proximité avec les utilisateurs ?
Jacqui Loran : Oui, nous sommes une compagnie très approchable. Même pour quelqu’un qui voudrait étalonner sur Baselight et qui n’est pas encore un client, nous sommes faciles à joindre. Nous sommes réellement axés sur le contact direct avec les clients.
Techniquement, tout client, quel qu’il soit, a accès à notre support 24h/24, et 7j/7. Il suffit de contacter notre staff technique et nos ingénieurs, via email ou par téléphone. C’est important à redire, car même si nous avons fait une campagne récente sur WeSupport, à part les Baselight Fans, les gens ne sont pas forcément au courant de cette proximité.
Baselight 6.0 user interface : Base Grade
Quelle est la place de Baselight sur le marché français en 2023 ?
Daphné Polski : Baselight est principalement utilisé en France pour les films et les séries TV, où il est apprécié pour sa puissance, sa flexibilité et ses outils couleur de précision.
Comparé à des pays tel que l’Angleterre ou les Etats-Unis, son utilisation est un peu moins généralisée sur le marché de la publicité, bien que cette tendance commence à changer.
Et puis avec l’arrivée des abonnements moins couteux de Netflix, incluant de la publicité, nous espérons que les autres plateformes suivront, ce qui entrainera une demande croissante de contenus de haute qualité dans le domaine de la publicité et Baselight est là pour répondre à ce type de besoins.
Nous avons le projet de mettre en place sur le site de FilmLight une liste répertoriant les personnes formées, et notamment celles passées par les modules de formation proposés aux lapins bleus, ce qui je l’espère contribuera à renforcer la communauté d’utilisateurs en France et à faciliter les collaborations.
Baselight 6.0 user interface : Hue Shift
Quelles tendances observe-t-on dans les pratiques des étalonneurs sur le marché du cinéma ?
Daphné Polski : Pendant longtemps, l’étalonnage débutait une fois le tournage terminé. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de projets sur lesquels le look et la couleur sont déjà appliqués en amont, en production, parfois même en pré-production. C’était une tendance assez américaine et anglaise, au départ, et les français le font de plus en plus. La discussion est de plus en plus ouverte en amont. Que ce soit la recherche de look, ou le besoin d’avoir des ‘dailies’ solides. L’étalonneur est amené sur le projet très tôt, ce qui facilite et accélère le processus créatif en post-production.
Où en est le développement du logiciel ?
Jacqui Loran : La nouvelle version Baselight V6 est sortie en béta et est ouverte à tous nos clients. Nous recevons de très bons retours.
Cette version est un pas en avant géant en termes de workflow colorimétrique, avec de nouvelles fonctionnalités mais je n’en dirai pas plus…
Baselight 6.0 user interface : Shape
Dans votre actualité de cet été 2023, c’est la troisième année que vous organisez le FilmLight Colour Awards Festival. C’est un festival ouvert à tous coloriste utilisant n’importe quel système ?
Daphné Polski : Absolument. Nous ne sommes pas là pour promouvoir Baselight, c’est vraiment un festival qui récompense le talent et la créativité de tous les étalonneurs, indépendamment de la technologie. Nous formons un jury composé d’une vingtaine de professionnels indépendants, basés dans différents pays. Le visionnage des projets se passe à distance. CAMERIMAGE, le festival international de films dédié aux directeurs de la photographie est l’un de nos partenaires, ainsi que l’AFC, l’ASC, le BSC, le PSC (Polish Society of Cinematographers), le CNSC (China Society of Cinematographers) and Lift Gamma Gain. En novembre, pendant CAMERIMAGE, un président du jury vient pour la remise des Awards. Dans notre jury, nous avons eu la chance d’avoir des cinematographers tels que Bruno Delbonnel, Ari Wegner, Bradford Young l’année dernière. Et cette année, nous avons Greig Fraser, qui a fait Dune, nous avons également eu Ben Davis, ou Danny Cohen. Nous avons autant impliqué les directeurs de la photo que les étalonneurs dans le festival.
Quel a été le point de départ de cette initiative ?
Jacqui Loran : Cela faisait des années que l’on voulait mettre en place ce festival, car on voit chaque jour l’implication énorme des étalonneurs dans tout le contenu image, et leur investissement dans les projets, mais souvent leur travail et leur collaboration avec l’équipe de tournage, le cinéaste etc. ne sont pas reconnus. C’est une profession qui travaille dans l’ombre.
L’esprit est vraiment de récompenser et mettre en avant les talents. Ce n’est pas FilmLight qui décide qui gagne, mais un groupe indépendant de professionnels de l’image : cinéastes, étalonneurs, spécialistes de la couleur en tout genre. Pour le public des Lapins Bleus, qui peut se former à la fois sur Baselight comme sur DaVinci Resolve, c’est un événement intéressant et qui rencontre beaucoup de succès. Les inscriptions sont gratuites et ouvertes depuis le 1er mai et jusqu’au 31 juillet 2023.
Pour en savoir plus sur les catégories, les règles de participation et le jury, allez sur le site : https://www.filmlightcolourawards.com
Pour en savoir plus sur nos formations Baselight :
Baselight : utilisation du logiciel et des pupitres
Baselight : création de looks et colorimétrie
Baselight : conformation et étalonnage des dailies
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