FORMATION SKYDRONE POUR UN DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE ET SON ÉQUIPE

Retour avec Stephan MASSIS, directeur de la photographie de nombreux longs-métrages, sur les enjeux de la formation Skydrone mise en place en janvier dernier.

Une session de ce programme de notre catalogue a été montée à sa demande, aux dates de son choix et avec un groupe de stagiaires constitué par lui-même, parmi lesquels plusieurs membres de son équipe image.

Quel a été ton parcours professionnel ?

J’ai été élève de la FEMIS au département Image. J’y ai éclairé plusieurs courts-métrages d’école qui ont eu des prix et ont été remarqués. Cela m’a permis d’être directeur de la photographie très vite, dès la sortie de l’école. J’ai ensuite travaillé aussi bien dans le long-métrage, le téléfilm, que le documentaire.

Comment en es-tu venu à solliciter cette formation drone auprès de lapins bleus formation ?

Deux raisons m’ont conduit à m’intéresser à cette formation. D’une part, ces deux dernières années, j’ai travaillé sur des films de fiction où ce sont des prestataires qui sont venus réaliser les images de drone. J’ai parfois été frustré de ne pas pouvoir choisir les personnes avec qui travailler, sans mener avec eux une discussion plus précise en amont, et un langage commun. Au départ, c’est ce qui m’a motivé à suivre ce stage.

Ensuite, j’ai aussi été amené à travailler ces derniers temps sur des films pour lesquels, lorsque l’on est en toute petite équipe, ou que l’on tourne dans des décors dont l’accès est très difficile, notamment en montagne, il aurait été utile que je sois autonome, capable de tourner moi-même les plans avec un drone. Je reste avant tout directeur de la photographie, et j’ai conscience qu’opérateur drone est un métier qui demande beaucoup de pratique, mais mon objectif était de pouvoir faire moi-même des choses simples, sans être un pilote expert.

Comment as-tu constitué le groupe de stagiaires autour de toi pour permettre la mise en place de cette session à ta demande ?

J’ai réuni autour de moi deux personnes qui font partie de mon équipe image, ainsi qu’un photographe de montagne, originaire de Chamonix, qui souhaitait s’initier au drone pour la pratique de son métier. Sébastien Mourry, le responsable pédagogique des lapins bleus, a proposé que l’on intègre également un réalisateur de télévision, qui n’est pas venu par moi, mais avec qui la dynamique de groupe s’est facilement créée.

En ce qui concerne mes assistants, leur présence était importante car c’est utile que des personnes au sein de l’équipe puissent elles-mêmes gérer les plans drone.
Encore une fois, l’idée n’est pas de prendre la place des opérateurs drone sur ce marché spécifique, mais il est essentiel de pouvoir parler de l’image avec ceux qui réaliseront les plans de drone.  Dans le cas où c’est un prestataire technicien dans la région du tournage, surtout dans le cas des téléfilms, il arrive que l’on ait pas eu le temps d’échanger avec la personne avant le jour de la prise de vues.

 

La session de formation a eu lieu en janvier, à votre demande. Les conditions météo n’étaient-elles pas un obstacle ?

Tourner dans le froid, quand on travaille déjà sur des tournages de film, on est habitué. Ensuite, moi qui tourne beaucoup en montagne et qui voulais pouvoir me servir du drone dans ces conditions où les températures sont négatives, où il y a de la neige, c’était au contraire intéressant, cela permet notamment d’éprouver les batteries.

Qu’est-ce que tu retiens de ce stage bientôt un an après ?

On a tous beaucoup appris, même s’il est difficile de se soustraire à ses engagements professionnels pour prendre le temps de la formation. Je ne savais rien du tout sur le sujet. La formation est le premier pas. Certains font le choix d’apprendre tous seuls, pour ma part j’étais content d’être accompagné par le formateur sur la partie pilotage, il nous a donné une série de conseils, pendant, et même après la formation. Lorsque j’ai ensuite voulu me déclarer comme pilote de drone, sachant que ces démarches étaient obligatoires pour vendre des images tournées avec un drone, je me suis trouvé confronté à des démarches administratives obscures et complexes, qui entre la notion de pilote, d’exploitant, le carnet de vol, le MAP (manuel d’activité particulière), peuvent être difficilement compréhensibles pour quelqu’un de novice. Nous en avions pris connaissance pendant la formation, mais une fois confronté aux documents, j’ai alors sollicité à nouveau les conseils du formateur avec qui j’ai gardé contact.

Au-delà des spécificités du drone, la formation a-t-elle permis des échanges sur l’image ?

Alors qu’il nous apprenait son métier d’opérateur drone, le formateur écoutait aussi nos échanges sur l’image, nourris par notre expérience sur la fiction. Ça donnait lieu à des échanges et des partages d’expérience intéressants. Avec lui, nous avons abordé rapidement les formats de tournage, les réglages de la caméra, mais nous étions là avant tout pour apprendre à voler.

Mais bien sûr les échanges sur l’image sont toujours au coeur de nos discussions au sein de l’équipe lorsque l’on mélange des caméras grands capteurs et ces petites caméras de drone.

J’ai fait un film où j’ai mélangé la RED Monstro et des images de drone Mavic, et ça se passe bien. On a choisi des images où il n’y a jamais de zones surexposées, on fait attention à ne pas aller dans les limites du capteur.

Sur des téléfilms, j’ai souvent mélangé de l’Alexa avec des images drone de l’Inspire et ça passe aussi. Cela demande cependant plus de temps d’étalonnage.

A chaque film, la question peut se poser en fonction du plan que l’on doit faire. Est-ce qu’on peut mélanger ces petites caméras de drone avec la caméra de tournage ? Ou est-ce qu’on prend l’option d’un drone supportant une grosse caméra, option qui est souvent chère, compliquée, moins pratique. Cela dépend des plans. On sait quand on va mélanger ces images, qu’il y a une différence sensible, et qu’il va falloir travailler dessus à l’étalonnage.