LE MÉTIER D’ÉTALONNEUR, DE L’INSTINCT À LA MÉTHODE

Jérôme Baudard, réalisateur et gérant du Studio Alphonse, société de production audiovisuelle basée à la Réunion, revient sur son parcours et les raisons qui l’ont conduit à suivre cette année la Formation au métier d’étalonneur que nous proposons.

 

Quel est votre parcours professionnel ?

 

Jérôme Baudard : Je suis arrivé à la Réunion en 2010, après un début de parcours professionnel à Paris. J’ai commencé à travailler dans la production de pub à la Réunion, en tant que réalisateur et directeur artistique. Ensuite, j’ai décidé de monter ma société de production audiovisuelle, au sein de laquelle j’ai continué la production et la réalisation de spots de publicité.

 

Quel était votre rapport à la couleur dans votre travail de réalisation ?

 

Je suis passé par l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, j’ai développé une certaine sensibilité à la couleur. Mais en pratique, j’avais pris l’habitude d’aborder les outils d’étalonnage uniquement de manière instinctive dans mon travail de réalisation. Je me suis dit qu’il serait bien d’aborder la colorimétrie plus sérieusement, pour réellement comprendre ce qu’est la couleur en vidéo. Cela veut dire comprendre ce que l’on fait, être capable de l’expliquer, de le refaire, d’acquérir un vocabulaire adéquat pour échanger avec les équipes ou les clients, ce qui est très important. C’est pour ces raisons que je me suis dirigé vers une formation spécifique.

 

Aviez-vous la possibilité de vous former sur l’île ?

 

A la Réunion, mis à part des tutos sur internet et des formations en ligne, pouvoir se rencontrer et échanger, c’est plus compliqué. Personnellement, pour avancer, j’ai besoin de me confronter physiquement à des professionnels qualifiés. Il existe une école de l’image qui va jusqu’au master, mais aucun centre de formation en étalonnage qui propose une formation pointue.

 

Comment avez-vous eu connaissance de la formation au métier d’étalonneur aux lapins bleus ?

 

Une amie réalisatrice basée à la Réunion avait suivi cette formation chez vous il y a trois ans. Le bouche à oreille fonctionne bien à la Réunion. Quand il y a quelque chose qu’on apprécie, comme une formation, on n’hésite pas à se dire « tu peux y aller, c’est super ». Ce qui a été le cas avec votre centre de formation, car avant moi, je sais qu’une autre technicienne est également venue se former.

 

Comment le programme est-il équilibré entre la technique et l’artistique ?

 

Nous avions deux formateurs. Le premier dispensait la première semaine, centrée sur la technique sur DaVinci Resolve, dont l’objectif était d’aborder le signal, remettre des images « droites », c’était l’étalonnage primaire. La deuxième semaine, dispensée par le second formateur, était plus artistique, basée sur la sensibilité. Les 2 approches étaient très complémentaires : je crois que si on veut aller vers l’artistique, il faut de la technique, et vice versa. L’idée même de l’étalonnage c’est déjà une sensibilité artistique, une approche artistique. Les deux formateurs avaient une sensibilité artistique assez évidente, et de la technique parce qu’ils sont étalonneurs, et justement la formation est assez bien faite, pour combiner les deux approches.

 

Court-métrage « Nout Karé »  © Crédits photo Studio Alphonse

 

De quels profils professionnels était constitué le groupe de stagiaires de la session que vous avez suivie aux lapins bleus ?

 

Nous étions trois, avec des horizons différents et des responsabilités différentes. Il y avait avec moi une directrice de production, une monteuse, qui souhaitaient comprendre ce qu’était l’étalonnage, soit pour travailler en équipe, savoir communiquer avec un étalonneur, ou étalonner des choses de manière ponctuelle. 

 

Avez-vous eu l’occasion de mettre en pratique vos nouvelles compétences après la formation ?

 

Après le stage, j’avais deux publicités à réaliser, l’une pour une grande marque de supermarchés, l’autre pour une eau minérale, ainsi que la supervision de la post production et l’étalonnage d’un court-métrage. Sur ces trois projets, j’ai pu repenser ma manière d’aborder l’étalonnage. Comme je le disais, je n’avais pas l’habitude de travailler de manière organisée, technique, mais plutôt de manière sensible. Là, ça m’a permis de dire, je veux renforcer mes bleus, je veux que les verts soient dominants… J’ai gagné en temps, en efficacité, j’ai pu anticiper certaines choses à la prise de vues, en ayant des dominantes dans l’image. Je savais que je pourrais les renforcer à l’étalonnage. Ça a amélioré mon approche, ma manière de travailler. Ça m’a fait beaucoup gagner en organisation, en vocabulaire pour échanger, me faire comprendre et en vitesse d’exécution.

 

Vous serait-il utile de perfectionner à l’avenir vos compétences en étalonnage ?

 

La formation au métier d’étalonneur permet vraiment de comprendre ce qu’est la couleur, d’avoir les bases, le vocabulaire, et de pouvoir utiliser DaVinci Resolve. Ensuite, il est bien sûr nécessaire de pratiquer. La formation ouvre des portes et donne envie d’aller encore plus loin. J’envisage sérieusement de faire la formation Perfectionnement au métier d’étalonneur ces prochains mois. Pour plein de choses elle me sera utile. Par exemple, les Luts. On les a abordées rapidement, et ça donne envie d’approfondir, de travailler sur les couches Alpha. Comprendre ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas… toutes les nuances qui peuvent changer la perception qu’on a d’une histoire, d’une ambiance. 

J’ai également monté un studio d’étalonnage avec un écran calibré à la Réunion, au sein de ma société de production, notamment pour éviter de devoir partir à la métropole pour une sortie DCP. A la Réunion, nous n’avons pas de technicien pour calibrer les écrans ou vidéos projecteurs. J’aurais personnellement besoin d’entrer dans la calibration pour que mon studio soit toujours opérationnel et travailler dans les meilleures conditions possibles.

 

© Crédits visuel principal Studio Alphonse – Publicité « Australine »  

 

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