MEDIA COMPOSER 2021 : « QUOI DE NEUF ? »

Damien Labbé, chef monteur et formateur pour notre organisme, partage avec nous son expérience sur Media Composer 2021 : depuis la modernisation de l’interface jusqu’à un tour d’horizon personnalisé des nouveautés à connaître, en passant par les changements les plus significatifs qui peuvent surprendre l’utilisateur au premier abord.

Tout d’abord, doit-on désormais parler de Media Composer 2019, 2020, ou 2021  ?
Damien Labbé  : En effet, depuis l’importante mise à jour de 2019, les numéros de versions du logiciel sont celles de leur date de sortie. Ainsi Media Composer 2019 est devenu Media Composer 2020 puis Media Composer 2021. Il est vrai que l’on a tendance à parler de Media Composer 2019 pour désigner le moment où le logiciel a fait peau neuve. En réalité, il s’agit désormais de Media Composer 2021.

 

Comment cette nouvelle version de Media Composer a-t-elle été abordée par les monteurs depuis 2019 ?
Je connais deux types de monteurs : ceux qui se sont documentés ou se sont formés avant de travailler dessus, et ceux qui ont eu la surprise de découvrir cette nouvelle version sans préambule. Pour ces derniers, la nouvelle interface peut être déroutante, et c’est tout à fait normal car elle a été profondément modernisée pour répondre aux standards actuels des logiciels de post-production.

 

Quels sont les principaux changements de l’interface de Media Composer 2021  ?
Les fenêtres sont désormais «  dockées  » (organisées par onglets) par défaut comme sur DaVinci, Premiere ou FCP.  Fini donc les fenêtres qui s’ouvrent n’importe où, les bins qui se superposent et se cachent les uns les autres, les outils qui en recouvrent un autre.  De plus, chaque fenêtre s’adapte à l’autre de manière dynamique. Vous avez besoin d’agrandir la timeline ? Alors les écrans du composer prendront moins de place.

 

 

Vous avez beaucoup de bins ouverts et vous avez besoin de voir le contenu de l’un plutôt que de l’autre ? On peut agrandir le bin qui nous intéresse, les autres vont rétrécir d’eux-mêmes.

 

 

Et bien sûr, on peut choisir sa configuration, organiser aussi bien les bins que les outils en onglets pour avoir toujours tout à portée de main sans avoir besoin de chercher sous les fenêtres ouvertes. Cela dit, si vraiment on ne veut pas de cette nouvelle interface, il est toujours possible de revenir aux fenêtres flottantes.

 

En tant que monteur, est-ce que cela représente un gain de temps, un plus grand confort de travail, ou cela modifie-t-il les repères sur le logiciel en profondeur  ?
C’est plutôt une très bonne chose, en réalité : je pense que l’on peut réellement gagner en efficacité et en rapidité mais j’admets que c’est visuellement un peu perturbant à la première ouverture du logiciel qui, d’un seul coup, ne ressemble plus au Media Composer que l’on connaît. Il faut un petit temps pour retrouver ses repères et comprendre que, finalement, les «  workspace  » (présentation des fenêtres) représente le principal changement. Car aucune fonction n’a été retirée ou modifiée, l’utilisateur pourra retrouver tous les raccourcis claviers et tous les réglages auxquels il est habitué. Même si on peut avoir l’impression d’être face à un nouveau logiciel, le fonctionnement global reste le même.

 

Quels sont les changements significatifs auxquels il faut s’attendre ?
L’audioscub permanent, qui habituellement s’activait ou se désactivait au moyen de la touche « Verr Maj » a disparu. Cette fonction essentielle est maintenant devenue une fonction classique à ajouter sur une autre touche du clavier. Il y a deux autres changements relativement mineurs, mais qui peuvent troubler : la fenêtre Setting n’est plus intégrée à la fenêtre projet, c’est devenu un outil à part. Quant à la fenêtre Projet (celle qui contient les bins) elle existe toujours mais elle n’est plus affichée par défaut.

 

Y-a-t-il des nouveautés significatives en ce qui concerne les effets  ?
Il n’y a pas eu de grands bouleversements concernant les effets. A l’exception du AVID TITLER+, qui a vocation à remplacer le Title Tool ; en effet comme ce dernier n’était pas en 64 bits il a déjà disparu sur Mac. L’avantage du AVID TITLER+ est de pouvoir taper un texte et le modifier à la volée, sans avoir besoin d’ouvrir un outil un peu lourd comme l’était le Title Tool, et sans avoir besoin d’enregistrer les titres. Cela représente un gain de temps vraiment important, donc. C’est un outil prometteur, mais qui n’est pas encore parfaitement intuitif. Avid semble en avoir conscience et le fait évoluer de version en version.

 

Quels sont les nouveaux outils que tu as pu tester dans Media Composer 2021 ?
Depuis deux ans, les nouveautés sont nombreuses ! Comme à son habitude, Avid ne change pas les fonctions existantes. Mais Media Composer s’enrichit de nouvelles méthodes. À chaque utilisateur de faire son marché en choisissant soit de conserver l’ancienne méthode soit d’adopter la nouvelle ! Voici quelques unes des fonctions les plus utiles au quotidien :

 

●     Tout d’abord, Media Composer parle français ! Il faut admettre que c’est troublant. On connaît tellement les termes en anglais que les voir traduits en français donne un peu l’impression de parler à un logiciel québécois. Mais il est toujours possible de remettre le logiciel en anglais.

 

●     Nouveau «  bin map  » qui permet de naviguer plus facilement dans un bin en mode «  frame view  »  :

 

 

●     Pour les amoureux (comme moi) des codes couleur, la couleur choisie pour le fond du bin s’affiche désormais aussi bien sur son onglet que dans la fenêtre projet.

 

 

●     On peut renommer toute une série de clips, mais aussi appliquer par exemple le même commentaire à toute une série de clips. Renommer peut signifier changer le nom, mais aussi attribuer un «  prefix  » ou un «  suffix  » à toute une série de plans. Par exemple, ajouter le type de plan avant leur nom d’origine (transformer tous les plans d’un bin pour que leur nom ne soit plus BX316_0004 mais «  Illustre extérieur BX316_0004  ») Les plus maniaques pourront même appliquer la même casse à tous les clips : par exemple mettre tous les clips d’un bin en majuscule, ou en minuscule, ou juste une majuscule pour la première lettre.

 

●     La fonction Show bin in sidebar permet de retrouver un bin dans le projet, très pratique sur les projets d’envergure constitués de nombreux dossiers et sous dossiers de bins. «  Mais il est rangé où exactement ce bin qui est ouvert sous mes yeux ?  » «  il est là  » répondra la fonction, qui permettra du coup aussi de trouver les bins rangés dans le même sous-dossier.

 

●     Un Inspector tool permet d’avoir toutes les informations techniques d’un plan, en cliquant dessus dans un bin ou dans la timeline.

 

 

●     Le Timeline map permet de se repérer dans la timeline. Il s’agit d’une fenêtre à part qui propose un affichage complet de la timeline de montage; un cadre blanc indique quelle est la portion de la timeline que vous voyez dans votre timeline principale. Il est alors beaucoup plus simple de se repérer dans un montage long et complexe, mais aussi d’arriver à un endroit précis de votre montage.

 

 

●     On peut sélectionner d’un seul clic tous les clips «  mutés  ». Et ensuite ? Et bien par exemple soit tous les réactiver, soit tous les supprimer, au choix.

 

●     Les marqueurs («  locators  » pour les anciens) positionnés sur le filler ne se désynchronisent plus lorsqu’on effectue un trim.

 

●     Avec la fonction Strip silence, on peut effacer les morceaux silencieux des clips audio : ainsi chaque segment audio qui ne comporte pas un son supérieur à X dB sera effacé. Très pratique pour nettoyer les sons, surtout quand il y a énormément de pistes en tournage.

 

●     La couleur des pistes son s’affiche dans l’audiomixeur.

 

●     L’audiomixeur, souvent décrié car trop imposant, s’adapte désormais à la taille qu’on lui donne de manière dynamique : moins on lui donne de place, plus les fonctions affichées disparaissent; à l’inverse plus on lui donne de place plus il y aura de fonctions affichées. On peut bien sûr sélectionner des outils prioritaires à afficher selon la taille choisie.

 

●     Les commandes du menu contextuel de l’audio mixeur peuvent être ajoutées en raccourci clavier, ce qui signifie qu’il est désormais possible d’accéder aux fonctions très utiles que sont l’ « apply gain from in to out », et « adjust gain from in to out » directement en un bouton. Elles permettent d’appliquer le même volume sur tout ou partie de la timeline ou d’augmenter du même nombre de dB plusieurs segments.

 

●     Le Bin status bar montre le nombre de clips dans le bin, et le nombre de clips sélectionnés. Plus besoin de les compter à la main, notamment pour savoir si tous les éléments ont bien été importés.

 

●     On peut faire un Find bin grâce à un clic droit directement sur le segment.

 

Media Composer 2021 est disponible en version First (gratuite), version Media Composer payante, et version Ultimate. Quelles sont les principales différences à connaître entre les différentes options  ?
First est une version totalement gratuite, mais bridée. C’est donc un formidable outil d’apprentissage et d’entraînement à la maison, car toutes les fonctions ou presque du Media Composer classique y sont présentes, mais à bannir totalement pour de la production car un projet créé sur First ne pourra jamais être ouvert sur un Media Composer classique. Avid a vite compris que sinon, des producteurs malins allaient se jeter sur First pour le derushage et ne louer la licence Media Composer payante que pour les finitions, car le First est bridé pour toutes les sorties.
A l’inverse, Ultimate est la version «  toutes options  », pour les grandes structures, notamment pour pouvoir travailler en réseau, être connecté aux serveurs Isis… ce qui fait une différence essentielle.

 

Comment un temps de formation à ce «  nouveau  » Media Composer peut-il transformer l’expérience  ?
Avoir quelqu’un d’expérimenté à ses côtés pour nous guider lors de la première utilisation n’est pas superflu : par exemple certains boutons de fonctions ont disparu, dans le but d’obtenir une interface épurée. Or les fonctions existent toujours et il est possible de les afficher à nouveau.
Ainsi, quelques heures de formation sur Media Composer 2021, couplées avec les effets intégrés, les fonctionnalités avancées et les fonctions parfois méconnues qui permettent d’optimiser son temps et de tirer le meilleur parti du logiciel, tout cela peut réellement faire gagner une heure par jour à un monteur.
Dans la gamme de stages sur Media Composer aux lapins bleus, nous proposons aux stagiaires d’aborder ensemble l’interface de la nouvelle version. Car cette version 2021 va tendre à se généraliser de plus en plus. C’est le sens de l’histoire. L’important est de savoir qu’il y a dans cette version Media Composer 2021, le logiciel que vous connaissez et aimez. L’essentiel est de s’y familiariser.