Coup de projecteur sur notre nouveau programme Initiation aux principes de la lumière. Cette formation, conçue en collaboration avec Kévin Pusceddu, formateur référent dans le domaine du tournage pour notre organisme, se déroulera en partenariat avec RVZ. Elle propose de travailler sa sensibilité artistique, d’apprendre à assurer la mise en œuvre d’une installation lumière, en abordant le contraste, la couleur et la direction, pour maitriser les bases et pouvoir complexifier son travail de la lumière selon le type de projet.
En visuel : Eclairage à la bougie. L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik, 2007 / Tous droits réservés
Comment est née l’idée de la formation Initiation aux grands principes de la lumière ?
Kévin Pusceddu : Lors des formations Technique des caméras à grands capteurs aux lapins bleus, qu’il m’arrive de dispenser, nous avons rencontré différents types de profils, et nous nous sommes trouvés face à une demande générale liée à la lumière.
Il pouvait s’agir d’assistants caméras, de freelances travaillant dans l’institutionnel ou le documentaire, des professionnels de la post-production, ou encore des photographes. Beaucoup de ces personnes avaient une approche empirique de la lumière et avaient appris sur le tas. Mais aucun n’avait appris les grands principes, pour comprendre ce qui est important dans la lumière comme par exemple le contraste, la couleur ou une direction de lumière.
Les formations «Lumière » déjà existantes sont souvent des formations pour se perfectionner, mais jamais pour apprendre les principes, affiner son regard et comprendre les clés.
L’idée de cette formation est donc née pour apprendre comment, une fois qu’on a une lumière en tête, être capable de la reproduire, et d’éclairer une scène, un visage pour une interview ou un décor.
L’objectif est d’abord de maîtriser les bases, pour ensuite pouvoir complexifier son travail de la lumière selon le type de projet.
Direction de lumière. Harry Potter et l’ordre du phoenix, de David Yates – 2007 / Tous droits réservés
A quel public s’adresse la formation ?
La formation s’adresse à tout le monde, toute personne souhaitant comprendre les principes de la lumière. Cela peut être aussi bien des réalisateurs que des techniciens, travaillant aussi bien sur des films institutionnels, des documentaires, des publicités que sur des œuvres de fiction.
Certains profils ont évolué très vite dans leurs projets. Ils ont commencé avec de petits moyens techniques et ont vite évolué vers des caméras à grand capteur et des projecteurs LED variables en TC et en couleurs. Certains outils très accessibles en termes de budget ont été mis dans les mains d’artisans de l’image sans que ces derniers puissent vraiment se former à bien l’utiliser. Concernant la lumière, jamais personne ne leur a dit « sachez qu’il y a des méthodes très pratiques pour le travail de la lumière dont on peut s’inspirer », à la fois pour un gain artistique et technique, qu’en terme de temps de travail.
Une personne qui fait du film institutionnel ou du documentaire, va donc profiter de cette formation pour que sa démarche empirique s’enrichisse d’une certaine méthode.
Un assistant caméra plus axé par sa profession sur la technique et les caméras peut également venir enrichir ses compétences en lumière par une approche artistique proposée par la formation, pour notamment travailler son regard. Cela est cohérent s’il souhaite s’orienter par la suite vers le métier de chef opérateur ou de directeur de la photographie.
Les notions abordées dans le programme peuvent donc servir aussi bien dans le contexte d’un film institutionnel, que d’une fiction ou d’une publicité ?
Oui. La fiction est toujours une grande source d’inspiration pour d’autres types de projets et inversement. En fonction des projets, on ne va pas travailler de la même façon. Sur un film institutionnel, ou dans les conditions du documentaire, il faut savoir travailler vite selon le temps qu’on nous accorde.
Il y aura donc des exercices où l’on apprendra à travailler rapidement et efficacement en lumière naturelle, avec un réflecteur, une minette pour éclairer une interview en 15 minutes.
A l’inverse, on s’intéressera également à différentes références picturales (peintures, photographies, long-métrages). A travers ces références, le but est de comprendre comment un travail sur la lumière peut spatialiser un lieu, comment on peut opposer deux personnages par la lumière, comment on peut créer une ambiance juste par un contraste colorimétrique chaud-froid (souvent utilisé dans le cinéma américain des années 1980-1990) avec la chaleur de l’orange qui vient épouser l’onirisme de la nuit et le bleu.
Contraste colorimétrique. The Reader de Stephen Daldry – 2009 / Tous droits réservés
Quelle est la part de théorie et de culture de la lumière dans le programme ?
La formation n’a pas pour ambition de faire le tour de la théorie de la lumière, qui est très vaste.
L’éveil de sa sensibilité artistique et l’affinage de son regard se cultivent à chaque instant. Cela peut se produire par une exposition au musée, un voyage dans un autre pays, un dîner romantique sous un coucher de soleil, la contemplation de la lune avant d’aller se coucher ou tout simplement l’observation d’un faisceau de lumière venant éclairer un ami durant une conversation autour d’un café. Nous aborderons les différentes lumières naturelles qui composent une journée, nous parlerons de certains mouvements artistiques mais une des grandes finalités de la formation n’est pas de tout connaître par cœur mais plutôt d’apprendre à regarder.
On passe aussi rapidement vers une partie pratique, avec des exercices pour comprendre la mise en œuvre de ce qu’on a observé.
Lumières naturelles. A gauche : lumière entre chien et loup / A droite : lumière rasante / tous droits réservés
Quels types d’exercices réaliseront les stagiaires ?
Cela commence par une sensibilisation à la lumière. Le principe est de commencer par remettre en question ses certitudes.
On parlera de direction de la lumière, de douceur/dureté de lumière, de contraste…
Pour illustrer par exemple notre compréhension sur une direction de lumière, on éclairera un visage avec une seule source. Puis on essayera de déplacer ce projecteur tout autour du modèle et nous observerons comment évolue la lumière sur son visage. Chaque position du projecteur sera enregistrée et je proposerai par la suite à partir de ces clips des screenshots présentant le résultat esthétique pour chaque position.
Un autre exercice consiste à prendre en référence différents types d’œuvres (photo, peinture, long-métrage) et de tenter de reproduire à l’identique cette image. A travers ces exercices, nous étudierons la gestion des ombres et du contraste tant lumineux que colorimétrique, l’utilisation de la couleur en lumière et la gestion de la lumière naturelle.
Nous aurons aussi une présentation rapide des différentes technologies de projecteur utilisées sur le marché. Je ne rentrerai cependant pas dans un cours purement technique pour comprendre comment fonctionne scientifiquement le LED, le HMI, même si je pourrai en parler à la demande des stagiaires.
Mais sans comprendre tout le détail de la technologie, on peut déjà comprendre la différence visuelle entre différents projecteurs. Il y aura des exercices de prise en main de différents types de projecteurs, de gélatines et de tout moyen de fixation…
Contraste lumineux. Intolérable Cruauté de Ethan et Joel Coen – 2003 / Tous droits réservés
Sur quel matériel les stagiaires auront-ils l’occasion de pratiquer ?
Comme pour la formation « Technique des caméras à grands capteurs », le stage se fait en partenariat avec le loueur RVZ. Nous aurons donc la chance de pouvoir profiter des infrastructures et d’avoir accès au matériel d’RVZ.
RVZ est un grand fournisseur en lumière pour tout type de projets, fiction, publicité, institutionnel, et donc dispose d’une gamme de matériel conséquente et d’un savoir technique très précis.
La philosophie du programme est donc orientée vers les aspects métiers de la lumière plutôt que sur la technique pure ?
La maîtrise de la lumière est un travail qui demande de l’entrainement. Cela demande de comprendre les technologies, ainsi que d’avoir une base de connaissances et de la curiosité.
Donc, encore une fois, il s’agit de prendre du temps pour observer, de comprendre la mise en œuvre, et de donner envie de continuer le travail après la formation.
C’est ainsi que certains pourront devenir électro, chef opérateur, ou un autre métier lié à la lumière. L’idée de cette formation est de proposer un point de départ.
Contraste colorimétrique. Sicario de Denis Villeneuve – 2014 / Tous droits réservés
Quels sont les atouts de cette formation ?
Le but de cette formation est de permettre aux stagiaires de travailler la lumière de manière plus efficace et plus rapide avec les moyens dont ils pourront disposer.
L’idée de cette formation n’est pas d’être électro au bout de 5 jours. L’idée est de donner les clés pour comprendre comment aborder le travail de la lumière.
Les stagiaires auront de nouveaux atouts dans leur boîte à outils, leurs compétences, pour répondre aux questions liées à la lumière.
Dès lors que l’on connaît les principes de la lumière et que l’on sait travailler son regard et sa sensibilité artistique, on peut tenter de s’inspirer en film institutionnel de ce qu’on a observé dans une fiction.
Ces inspirations nous feront gagner du temps, car on réduit le temps de la recherche d’idées. Tout comme travailler avec plus de notions sur la mise en œuvre de nos idées nous fera également gagner du temps car on aura plus de certitudes sur la réussite de la pratique. Le but est vraiment d’offrir tout cela au stagiaire souhaitant faire cette formation. Nous souhaitons lui donner les meilleurs outils possibles pour mettre en œuvre par la suite ses ambitions en lumière dans ses futurs projets.
Contraste lumineux. Georges de La Tour, Madeleine à la veilleuse – 1642.
Retrouvez le programme complet de la formation