La deuxième session de la formation sur 5 semaines Gérer la chaîne numérique et les nouveaux modes de fabrication : le directeur de post-production a débuté le 8 juin. Un programme complet pour être apte à établir un devis de post-production le plus compétitif possible, au sein d’un projet au budget limité. Yohann Costedoat-Descouzères intervient auprès des stagiaires en tant que consultant en post-production et workflow designer.
En quoi consiste ton intervention ?
Yohann Costedoat-Descouzères : Mon intervention consiste à faire acquérir aux stagiaires un vocabulaire, associé aux caractéristiques techniques des fichiers vidéos et aux méthodes de post production. L’objectif pour eux est de gagner en efficacité dans leur univers professionnel si tout le monde « parle la même langue ». Je donne souvent comme exemple « je suis monteur, le producteur m’appelle pour me dire que le mixeur veut un quicktime et ça ne veut rien dire. »
L’adage qui dit « on verra en post-prod » est tout sauf une bonne idée. Un projet se pense en amont. On prend en compte les sources, les destinations, les différentes étapes de travail. On détermine une méthode avant même de commencer à tourner les premiers plans. On reprend des bases qui vont du signal vidéo jusqu’au fichier video au moment de sa diffusion.
Est-ce que cette méthode s’applique à un long-métrage cinéma ou à un ensemble de projets ?
L’idée est d’être le plus large possible et de démontrer que dans les problématiques, mêmes si elles sont specifiques à chaque projet, il y a beaucoup de similitudes et des points sur lesquels un directeur de post production doit être alerté.
Par exemple, ça ne sert à rien que je leur explique aujourd’hui le workflow quand on tourne en RED et qu’on monte sur Media Composer pour étalonner en DaVinci. Parce que ce workflow, peut-être que dans trois mois il ne sera plus vrai. Ce qui compte c’est d’acquerir une structure d’analyse, en comprenant que les questionnements sont toujours les mêmes, bien que chaque projet soit différent.
Quel est le profil professionnel des stagiaires de cette session ?
Beaucoup viennent déjà de la post-prod, ils ont fait du montage, du contrôle qualité. D’autres sont davantage du côté de la construction ou du suivi de projet. Ils ont forcément déjà entendu des termes que je leur cite, ils réussissent maintenant à les contextualiser, à savoir à quoi ils correspondent.
Par exemple, quand je leur explique ce qu’est un système de compression qui utilise des « groups of pictures », ils disent « ah oui, c’est donc ça le gop ». Ils comprennent aussi ce qu’est ce défaut d’image qu’ils ont parfois constaté sur un JT, et qui s’appelle l’inversion des trames.
Y-a-t-il pour eux une mission de veille technologique particulière ?
Le premier objectif a très court terme de mon intervention, c’est de leur permettre de comprendre et d’entendre ce que les autres intervenants vont leur exposer. A plus long terme, l’idée est surtout d’être capable selon les enjeux de faire appel à quelqu’un qui sait. Il faut qu’ils sachent questionner le projet, pas forcément d’avoir les réponses mais savoir quels sont les points critiques sur lesquels il va falloir poser la question. A un opérateur, un mixeur, ou éventuellement même de réunir les interlocuteurs pour qu’ils échangent en ma présence des problématiques de post-production. Cela permet souvent de gagner du temps et donc de l’argent. Faire de la veille technologique est un plus, mais c’est souvent davantage la mission des techniciens.
Mon intervention en tant que consultant consiste souvent à aider à penser le projet en amont, trouver les meilleures solutions pour rendre économiquement viable un projet qui n’est l’était pas forcément au départ. Pour ça, il ne faut pas se contenter des devis des prestataires mais d’une vraie réflexion globale.